L'Armée des Ombres

Publié le par ChatLe

ChatLe d'Or

 

L-armee-des-ombres.jpgSi l'Occupation et la Résistance ont de nombreuses fois servi d'inspiration au cinéma, rares sont les longs-métrages qui, comme L'Armée des Ombres, ont pris le parti de traiter le sujet d'une façon extrêmement réaliste et sombre. Le cinéaste Jean-Pierre Melville s'est pour cela entouré d'un casting hallucinant, à commencer par un Lino Ventura impérial.

L'histoire suit donc, sur plusieurs années, la vie et les activités d'un réseau de la Résistance sous l'occupation allemande. Emmenés par Philippe Gerbier, ces hommes et femmes sans cesse dans l'ombre risqueront en permanence leur vie, entre leurs missions d'évasions, de transfert de documents, de sabotages, et même d'assassinats...

Dès les premières scènes, captivantes, L'Armée des Ombres fascine par sa froideur. Presque désincarnée, cette ambiance nous prend aux tripes et en vient à montrer la Résistance sous un jour que l'on ne s'imagine pas souvent comme tel. D'un réalisme hors du commun, l'oeuvre nous transporte donc au sein d'un scénario aux différentes phases toutes intéressantes sinon captivantes, en peignant avec une justesse déstabilisante le quotidien de ces héros aussi humains que vous et moi, dont la vie se retrouve de nombreuses fois suspendue à un fil.

Pour donner vie à ces personnages, on ne pouvait rêver mieux que les performances glaçantes mais nuancées de Lino Ventura, Simone Signoret ou encore Paul Meurisse, pour ne citer qu'eux. A travers des regards intenses et des dialogues avares de mots inutiles, le tout superbement rendu par la réalisation assez lente et aux multiples plans sublimes de Jean-Pierre Melville, de nombreuses scènes restent gravées dans nos mémoires, et feront souvent de ce film une référence pour tous les acteurs concernés. Beaucoup de passages s'avèrent d'une intensité remarquable, et montrent parfaitement à quel point la vie était une donnée sacrifiable en ces temps.

Ceci étant dit, l'aspect très désincarné qui caractérise le long-métrage peine à mettre en valeur les rares moments un peu plus creux, créant une impression de stagnation où l'intérêt du spectateur peut se relâcher.

Au final, on ne retiendra néanmoins que l'excellence de ce grand film jusqu'aux dernières phrases qui s'inscrivent sur l'écran, aussi froides que lourdes de sens, à l'image de l'oeuvre en elle-même. Un moment de cinéma qui marque les esprits.

 

L'Armée des Ombres (1969), de Jean-Pierre Melville, avec Lino Ventura, Simone Signoret, Paul Meurisse, Jean-Pierre Cassel, Paul Crauchet, Claude Mann, Christian Barbier, Serge Reggiani


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