Il était une fois en Amérique

Publié le par ChatLe

ChatLe d'Or

 

Il-etait-une-fois-en-amerique.jpgUltime réalisation de Sergio Leone, Il était une fois en Amérique clot en beauté une filmographie courte mais prestigieuse. Des films comme Le Bon, La Brute et Le Truand ou Il était une fois dans l'Ouest ont en effet imposé le cinéaste italien parmi les étoiles du western, et du cinéma en général. Pour cette dernière oeuvre, il nous raconte la vie d'un gangster américain, incarné par Robert De Niro, sur une période de près de cinquante ans.

Noodles, ancien gangster vieillissant, est contraint de revenir à New York par un signe venu du passé. Alors qu'il retrouve quelques personnes et lieux qui lui furent chers, tout lui revient en mémoire : son enfance dans la délinquance, ses camarades et son meilleur ami Max, la belle Deborah qu'il a aimé au premier regard. Mais lui reviennent aussi les braquages en bande organisée lors de la Prohibition, les meurtres, et sa trahison...

Etalé sur près de 3h45, Il était une fois en Amérique est une oeuvre remarquable, en particulier par son scénario. Tout en représentant très bien la psychologie et les démons des personnages, l'intrigue se concentre surtout sur la simple énonciation des faits avec le renfort d'une narration captivante.

Entre des dialogues superbes, des longs silences lourds de sens, des scènes visuellement marquantes et d'autres qui n'hésitent pas à choquer, la trame suit un cheminement parsemé de multiples flash-backs mais dont la durée conséquente permet de s'y retrouver idéalement. Le début et la fin sont, de surcroît, des moments ô combien intenses de beaucoup de façons. La durée du film est en tout cas tout à fait justifiée, car aucune partie ne peut être qualifiée d'inutile malgré quelques inévitables longueurs.

Le tout est porté par l'interprétation solide de Robert De Niro, qui retranscrit magnifiquement l'évolution de l'état d'esprit de Noodles au fil des années, sans pour autant en faire quelqu'un auquel on s'attache trop (certains passages, dont un en particulier, nous font même le détester). Toujours est-il que le destin de cet homme est fascinant, dès son enfance (où les jeunes acteurs sont parfaitement choisis et très ressemblants avec leurs homologues adultes) et jusqu'à sa vieillesse, où les conséquences personnelles d'une telle vie sont superbement ressenties. James Woods trouve quant à lui un de ses meilleurs rôles, dont le charisme mêlé à la capacité de péter un câble à tout moment rappelle un peu le Michael Corleone immortalisé par Al Pacino dans Le Parrain. A leurs côtés, on pourra aussi apprécier les brèves apparitions de Joe Pesci et Burt Young, tous deux faisant dans l'efficace sobriété.

Ceci étant dit, le film surprend un peu par la façon dont les personnages féminins sont traités : sans jamais verser dans la mysoginie extrême, Il était une fois en Amérique aborde l'image des femmes avec une dûreté qui peut sembler assez âpre, mais qui paraît néanmoins cadrer avec le contexte historique et social. Toujours est-il que le personnage de Deborah est loin d'être superficiel, sous les traits d'Elizabeth McGovern et de la très jeune Jennifer Connelly, déjà très talentueuse.

N'échappant certes pas à quelques baisses de rythme ni à un certain effet kitsch lors de certaines scènes, cette ultime pelloche de Sergio Leone bénéficie donc, en tout cas, d'innombrables qualités qui font que son intérêt ne faiblit jamais, l'imposant même sans mal comme une référence du film de gangsters. Imprégné de la musique d'Ennio Morricone et du style particulier de son metteur en scène, au gré de plans intenses sur des regards qui le sont tout autant, Il était une fois en Amérique capte parfaitement l'esprit et les enjeux de son intrigue. Un excellent film, dont on se souviendra encore bien longtemps.

 

Once upon a time in America (1984), de Sergio Leone, avec Robert De Niro, James Woods, Elizabeth McGovern, Joe Pesci, Burt Young, Jennifer Connelly, Treat Williams, William Forsythe

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