Le Nouveau Monde

Publié le par ChatLe

ChatLe de Platine

 

Le-Nouveau-Monde.jpgPeu de metteurs en scène peuvent se targuer d'avoir un style aussi reconnaissable que celui de Terrence Malick. En une poignée de films seulement, ce dernier s'est construit un univers assez onirique, planant et avec un certain rapport à la Nature, qui sert souvent de cadre idéal à une intrigue riche en émotions. Pourtant, chaque oeuvre de Malick se différencie grandement des autres en dépit d'un traitement visuel aux nombreuses similarités. Le Nouveau Monde n'échappe pas à la règle, et se pose comme une superbe expérience sensorielle au service d'une intrigue certes simple, mais nuancée, prenante et riche.

En 1607, une petite flotte de navires anglais accoste à un endroit sauvage du continent nord-américain, dans le but d'établir un poste avancé culturel, marchand et économique. Ils se retrouvent non loin d'une civilisation indienne, avec laquelle ils entreront malencontreusement en conflit, n'étant pas parvenus à s'adapter. Aux fers lors du voyage et condamné à mort, le capitaine John Smith se voit offrir une seconde chance et est envoyé en mission diplomatique chez les Indiens. C'est alors qu'il va faire la rencontre de la fille du chef, une jeune femme dont la beauté et la grâce le submergent instantanément, et auprès de qui il va découvrir le mode de vie de ce peuple, jusqu'à son retour au poste avancé anglais qu'il trouvera dans un état très différent...

Reprenant l'histoire de Pocahontas et de John Smith, le scénario (comme à l'accoutumée écrit par le réalisateur lui-même) comporte différentes phases assez distinctes, et prend le temps nécessaire pour tout mettre en place. Ainsi, l'ambiance prend peu à peu de l'ampleur, et le spectateur se retrouve englobé sans s'en rendre compte ; il s'en trouve pleinement réceptif aux avancées de l'intrigue elle-même, qui en viennent à se succéder. Il va sans dire que pour donner vie à cela, Terrence Malick tire de chaque image une beauté transcendante, et capte plus que jamais les jeux de regards de ses acteurs.

Ceci étant dit, l'accent est surtout mis sur la relation entre les deux personnages principaux, magistralement interprétés par Colin Farrell et la véritable révélation Q'Orianka Kilcher. Leur amour est d'une nature particulière qui dépasse tout sentimentalisme facile, et qui fait somptueusement le lien avec les enjeux qui les entourent. L'apparition tardive de Christian Bale, tout aussi brillant dans une retenue qui lui sied à la perfection, permet aussi d'explorer une autre phase de l'histoire.

Le Nouveau Monde couvre donc une assez longue période, et nous entraîne dans une aventure sans précédent jusqu'à un dénouement d'une rare intensité et d'une justesse hors du commun, comme le reste du film d'ailleurs. Profitant encore une fois du renfort d'une bande-originale magistrale (c'est cette fois James Horner qui est à la baguette), Terrence Malick explore ici de nouveaux horizons avec une nouvelle oeuvre hors du commun, qui se vit plus qu'elle ne se regarde. Tout le monde ne sera pas forcément happé par l'atmosphère fascinante du long-métrage, certains pourraient de plus être désarçonnés par la relative lenteur de la narration ; mais les fans du réalisateur ainsi que bon nombre de néophytes pourraient bien laisser ce film les marquer à jamais...

 

The New World (2005), de Terrence Malick, avec Colin Farell, Q'Orianka Kilcher, Christian Bale, Christopher Plummer, Ben Chaplin, Noah Taylor, David Thewlis

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